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Lidia Zamenhof

(1904-1942)

(Varsovie- Tréblinka)



LA FAMILLE ZAMENHOF
 

Lidia Zamenhof est la fille du docteur Louis Lazare Zamenhof (1859-1917), né de Markus et Rosalia Zamenhof et première des neuf enfants : Sara (mort dans l’enfance), Fania, Augusta, Feliks, Henryk, Léon, Aleksander, Ida.
 

Le docteur Zamenhof est le fondateur de l’espéranto en 1887 après un grand nombre de tentatives plus ou moins récentes dans le temps : lettre de Descartes à Mersenne en 1629, le Volapük du prêtre badois Martin Schleyer en 1880.
 

D’ailleurs divers projets partent du postulat cartésien à partir de 1650.
 

L’espéranto est une œuvre de jeunesse ; à 19 ans Louis Lazare Zamenhof élabore son projet de langue universelle, a 28 ans il publie sa première brochure de « langue internationale » sous le pseudonyme de « Docteur espéranto ». Ce concept de langue internationale constitue l’une des lois les plus importantes de Baha’u’llah, la création d’une langue auxiliaire universelle accessible pour tout le monde. Zamenhof est le fils et le petit-fils de professeur de langues. Son père Markus était un instituteur de 22 ans, sage, sévère, discipliné, qui voua au travail un véritable culte. Il est athée, imprégné de culture russe. Ce qui est important, c’est qu’il transmet à sa progéniture sa passion .Sa mère, Libia Rosalia, née Sofer,, est tendre, modeste, douce, compréhensive, et nourrit des sentiments religieux. Zamenhof s’intéresse aux langues comme son père : il en connaît 4 à 10 ans : le russe, le polonais (à la maison, à l’école), le yiddish (dans son quartier), l’hébreu (aux offices religieux). Plus tard son père lui enseigne l’allemand et le français. C’est un polyglotte précoce et il possède le don des langues. Mais surtout ce n’est pas un linguiste de cabinet mais un homme qui vit l’expérience directe de la souffrance engendrée par les heurts entre groupes sociaux et qui ressent au plus tendre de sa sensibilité cette division de l’ humanité que la pluralité des langues exacerbe.
 

LOUIS LAZARE ET LIDIA
 

Sur un plan international l’antisémitisme entretenu par le gouvernement tsariste et les pogroms envers les Juifs prolifèrent : les premiers démarrent après 1815. C’est ainsi que dans ce contexte Lidia deviendra la plus active des trois enfants du docteur Zamenhof. Ainsi dans son enfance Lidia est le témoin privilégié des conditions de travail de son père, de sa santé précaire, de ses rêves et de ses idéaux par rapport aux conflits sociaux quotidiens et des bonnes manières en matière d’éducation inculquées dans le foyer : l’honnêteté, la franchise, la compassion, l’ affection, la révérence, la patience, le travail, le respect, la fraternité, la tolérance, la discrétion, l’ humilité. Ainsi au fil de son éducation Lidia se rapproche de l’idée d’ homaranisme, de fraternité entre tous les peuples, de l’ idée interne de Zamenhof, le sentiment nouveau, cher à son cœur. Lidia partage le quotidien de son père, lui joue même du piano qu’apprécie particulièrement Zamenhof lorsqu’il est harassé par une journée de travail. En fait le créateur de l’ espéranto instille dans l’âme de son enfant ( à 10 ans) les graines de la sympathie et de la compassion pour la souffrance des êtres humains et pour l’humanité toute entière. Comme celle éprouvée par Zamenhof envers ces patients souvent miséreux, très pauvres. Et cela quelle que soit la race, le pays, la langue, la classe sociale. Lidia découvre ainsi le sentiment de la solidarité humaine, de l’unité de l’humanité à travers les idéaux de son père. Celui-ci respecte le caractère et la volonté d’ indépendance de Lidia. Malheureusement Lidia fait également l’expérience douloureuse du racisme, de la haine religieuse, des moqueries, du chauvinisme durant cette période de sa vie.
 

LES PREMIERS VOYAGES
 

A 9 ans Zamenhof menace Lidia de ne pas l’emmener au 9eme Congrès espérantiste à Berne si elle n’apprend pas l’espéranto. Ainsi, étonnamment Lidia commence à apprendre la langue durant six semaines pour pouvoir voyager avec ses parents. Motivé en outre par son vécu malheureux. C’est d’ailleurs lorsqu’elle a 9 ans que son père publie un nouveau livre sur l’homaranisme. Extraits : "Un enfant ne peut se nourrir de théories abstraites et de lois. Il a besoin d’impression et d’un environnement tangible. L’ enfant d’une non-religion formellement déclarée ne peut jamais avoir en son cœur cette joie, cette chaleur, qui est donnée aux autres enfants par l’église, les coutumes traditionnelles, la possession de «  Dieu » dans le cœur. Combien cruellement l’ enfant d’une non-religion doit souvent souffrir lorsqu’il voit d’autres enfants, peut-être très pauvre, mais avec un cœur joyeux, aller à l’ église pendant que lui-même n’a aucune loi, aucun guide, aucune fête, aucune tradition." Pour Lidia aller à Berne à 9 ans est très important : pour la première fois elle sort de son contexte de vie de quartier juif de Varsovie bondé et sale pour s’ouvrir à un paysage composé de chalets aux toits rouges, de vaches broutant sur des versants de montagnes des Alpes enneigées aux pics élevés .
 

LES VALEURS HUMAINES DANS LE CŒUR DE LIDIA
 

A 10 ans Lidia entre à l’école moderne pour filles de Varsovie et elle est particulièrement intéressée par l’art et le dessin, qu’elle continue à pratiquer ainsi que les arts appliqués. Ce qui marque aussi Lidia durant son enfance est le bruit incessant de la machine à écrire avec « sa mélodie monotone », « racontant dans sa vieille voix la même vieille histoire ». Début 1914 le Docteur Zamenhof finit sa traduction en espéranto du vieux Testament. Pour sa deuxième année d’école Lidia ne peut plus compter sur l’aide de son père pour ses devoirs, sa santé étant plus mauvaise que jamais. En juillet 1915 la famille Zamenhof déménage au 41 rue Krolewska, appartement 1, un secteur à la mode de Varsovie, juste à l’ extérieur du quartier juif. Et malgré sa maladie du cœur, il ne peut rester un seul jour sans travailler. Lorsqu’elle a 10 ans, le docteur Zamenhof explique à sa fille la signification de la guerre, plus tard Lidia réalisera que ces valeurs que ces sentiments plantés dans son âme d’enfant ont germé jusqu’à ce qu’ ils portent des fruits dans son âme de personne mature et adulte. Ces valeurs ce sont le sens de la solidarité et de la fraternité humaine.
 

LA MORT DE LOUIS LAZARE
 

14 Avril 1917 Mort de Louis Lazare Zamenhof à 58 ans. Mais déjà Lidia commence à traduire de la littérature polonaise en espéranto et reprend après quelques mois le travail sur la machine à écrire : "Les mois passaient. Sur la petite table en chêne se trouvait la machine fermée. J’hésitais un long moment avant d’oser retirer à nouveau le couvercle. Et il me semblait alors que je tirai le couvercle d’un cercueil. Je commençais à taper à la machine- les touches réverbéraient. Lentement, craintivement, comme par miracle, comme quelqu’un qui se réveille après un long sommeil et se demande où il est, qui sont ces choses autour de lui. Et ses sons sans parole semblaient peut-être les mots de consolation les plus émouvants….. ". En outre Lidia est également profondément marquée par la douleur de sa mère, Klara : »qui semblait comme une personne ayant perdu son but dans la vie. » et elle se souviendra longtemps de sa tristesse lors de chaque pèlerinage dominicale au cimetière de Zamenhof. A la fin de la guerre la Pologne devient une nation indépendante pour la 1ère fois depuis 100 ans. Mais l’été 1918-19 est le théâtre de féroces violences antisémites contre les Juifs dans 130 villes et villages de Pologne, et ce avec l’appui de soldats de la nouvelle armée polonaise : femmes et enfants torturés et battus, nombre incalculable de gens tués, synagogues profanées.
 

LE CHOIX PROFESSIONNEL
 

Au printemps 1920 l’ armée polonaise avance à l’est dans l’Ukraine vers Kiev, mais les troupes soviétiques repoussent les polonais et contre –attaquent jusqu’en Juin. Varsovie est même menacée d’invasion. Mais en Août l’Armée rouge est stoppée sur les rives de la Vistule. Pendant ce temps-là, Klara souhaite que Lidia étudie les lois et devienne juriste. Mais ce n’est pas le choix de Lidia. En 1921 à 17 ans Lidia finit sa huitième année à l’école pour filles et est acceptée en Sept. 21 à l’université de Varsovie comme étudiante à la faculté de droit. En plus au début des années 20, le pic d’antisémitisme est à son paroxysme, on limite le quota des Juifs dans les universités, les étudiants juifs sont constamment harcelés, humiliés par les étudiants polonais et les groupes terroristes anti-juifs.
 

L’ ESPERANTO, VAGUE D’ESPOIR POUR LA PAIX
 

Août 1924 : 16ème Congrès universel d’Espéranto (Vienne), 3000 personnes. Lidia accompagne sa mère qui souffre d’ un cancer du foie. Certainement émue, touchée par le discours d’introduction d’un jeune, Edmond Privat sur le thème « Un nouveau royaume », c’est là que Lidia commence à jouer un rôle publique dans le mouvement espérantiste : secrétaire de l’association internationale des étudiants espérantistes. Et déjà elle intervient ouvertement et sans peur pour calmer les divergences de point de vue. Mort de Klara Zamenhof. Après la guerre, le mouvement espéranto se reconstruit rapidement. Et en tant que vague d’espoir pour la paix, il gagne reconnaissance, respect et acceptation de son utilité. L’espéranto devient plus qu’un langage, c’est un mouvement culturel complet avec des institutions locales, nationales et internationales, sa propre histoire et ses traditions chéries. Et surtout il a sa propre littérature. Lidia finit ses études à l’université de Varsovie et à l’automne reçoit le diplôme de Juge-Magistrat. Peu intéressée par l’idée du mariage et d’avoir des enfants, ainsi que pour la cuisine, seul compte à ses yeux la vie de l’esprit et le travail pour les idéaux de son père. Ainsi avec les années l’espéranto devient le seul grand amour de Lidia. Elle devient un membre actif de « Concorde » (Société espérantiste de Varsovie). Néanmoins à 21 ans, en 1925, Lidia se décrit comme une athéiste et n’est pas intéressée par la religion. Elle aime la Pologne mais se sent profondément troublée par le conflit de l’ identité nationale, par la condition de la femme.
 

PREMIERE RENCONTRE AVEC MARTHA ROOT
 

Août 1925 : 19ème Congrès universel d’espéranto à Genève (Victoria Hall). Hommage d’Edmond Privat à Lidia et sa sœur Zofia. Episode de la « cloche de la paix » envoyée de Chine à la Ligue des Nations. Et puis le 6 Août 1925 Lidia rencontre les baha’is au 19 du bureau international baha’i et parle avec Martha Root. Mais Lidia ne porte pas attention particulière a cette première rencontre. Puis peu avant Avril 26 Lidia reçoit un télégramme de Martha Root qui lui demande de parler durant la cérémonie commémorative de son père prévue le 18 Avril . Ensuite il y a une réception dans la maison de Zamenhof (Rue Krolewska) et Lidia s’étonne, est intriguée par la ferveur du discours de Martha Root sur sa religion. Finalement Martha Root s’arrange pour rester deux semaines de plus à Varsovie. Lidia est d’accord pour aider Martha Root à apprendre l’ espéranto tout comme Martha Root souhaite aider Lidia à améliorer son anglais. Martha dit : " Je sens que nous aurons un temps merveilleux ensemble. Cela amène l’Espéranto et le mouvement bahaï à se rapprocher ensemble. Baha’u’llah et Abdul- Baha l’ ont planifié". Mais après un discours de Martha Root sur la religion, Lidia reste sceptique, mais Martha Root ne se décourage pas et bientôt sa personnalité pure et spirituelle attire Lidia plus que tout autre chose. En effet Lidia a perdu récemment sa mère et Martha joue le rôle d’une mère tendre, spirituelle et maternelle envers elle, « son enfant spirituel » En outre le message baha’i semble toucher maintenant Lidia. : "L’espéranto est seulement une école dans laquelle les futurs baha’i s’éduquent eux-mêmes. Le mouvement baha’i est un pas en avant , il est plus large". Dorénavant Lidia tend à croire que les enseignements baha’is portent le pouvoir de l’inspiration divine .Elle perçoit un lien spirituel fondamental : "Dans les enseignements de Baha’u’llah j’ai trouvé l’ universalité que seulement les enseignements réellement donnés par Dieu peuvent aider l’humanité. C’est pourquoi cela m’attira au début". Cependant son intérêt spirituel après le départ de Martha Root est « comme une marée montante et descendante, allant et venait ». Simplement Lidia commence à essayer de prier vers Dieu et elle désire aller à Haïfa mais le Gardien de la foi baha’ie Shoghi Effendi lui demande d’attendre du à une situation instable.
 

LA METHODE « CSEH »
 

Août 1926 : 18ème Congrès universel d’espéranto à Edimbourg. Lidia rencontre à nouveau Martha Root .Durant ce congrès deux rencontres baha’is ont lieu dans la salle de l’église libre unifiée d’Ecosse où Abdul-Baha a donné un discours public en 1913.Le docteur Auguste Forel encourage à la fois l’espéranto et la religion universelle de Baha’u’llah, alors que deux personnes attaquent la cause baha’ie. Maintenant Lidia se révèle être une idéaliste, une mystique qui défend l’idée interne, essence de l’espéranto cher à son père et un défenseur pour l’indépendance des femmes. En outre et c’est capital pour la suite de sa vie Lidia assiste à des cours individuel de méthode « Cseh ». Août 1927 : 19ème Congrès universel d’espéranto à Dantzig. Commémoration du 40ème anniversaire de la naissance de l’espéranto (Martha Root amène de la terre de la tombe de Baha’u’llah, du Bab et d’Abdul-Baha). Martha Root y fait un discours sur « Les preuves baha’ies de la vie après la mort ». Malheureusement le chêne plantée pour le jubilé est détruit trois mois plus tard par des vandales. Replanté il est à nouveau détruit en 1937 par les nazis. Néanmoins malgré que partout dans e monde le nationalisme fanatique, les haines raciales soient plus fortes que jamais, Lidia avec quelques autres caressent l’espoir que les cœurs puissent être changés à travers la justice et l’ éducation, et la paix devenir une réalité et non plus un rêve. A Varsovie Lidia commence à enseigner l’espéranto pour la société « Concorde ». Et en l’ espace d’un an, elle publie 5 articles et histoires allégoriques où elle peut propager et exprimer les idées chères à son cœur : « La Terre Chauvinie » et « Espérantoland ». Le père de Lidia est maintenant mort depuis 10 ans et lorsque Lidia reprend le travail sur la machine à écrire, elle découvre une inscription gravée sur la machine : "laissez nous travailler et espérer."
 

LES PREMIERS ENGAGEMENTS DE LIDIA DANS LA FOI BAHA’IE
 

20ème Congrès universel d’espéranto en Août 1927 (Antwerp). Dorénavant Lidia prend de plus en plus part aux sessions baha’ies et ainsi elle sert en Belgique en tant que présidente honorifique aux deux réunions baha’ies. Surtout elle fait ses débuts en tant qu’oratrice publique. Suite au discours d’un baha’i persan sur la propagation de l’espéranto par sa communauté et un nouveau message de Shoghi Effendi : "… des liens plus étroits de coopération et de camaraderie doivent lier les espérantistes du monde et notre foi bien-aimée….". Lidia est touchée puis déterminée à suivre les conseils du Gardien de la foi baha’ie et à voyager en Iran pour amener l’espéranto dans le berceau de la foi baha’ie. De plus Lidia défend courageusement ses idées à nouveau par des récits allégoriques « Le Golem » où la justice et la fraternité doivent faire partie intégrante de l’espéranto. Et ce malgré les controverses des espérantistes sur « l’idée interne » pendant que d’éminents espérantistes désapprouvent sa position de mêler l’espéranto avec une religion pas encore reconnue. Ainsi Lidia révèle plus tard qu’elle s’est fait beaucoup d’ennemis durant cette période mais qu’elle n’y a pas prêté attention. Et donc Lidia est la seule baha’ie de Pologne et ses seuls contacts sont les Congrès espérantistes et les lettres par courrier. Madame Lorol Schopflocher rencontre au moins deux fois Lidia à Varsovie. Et maintenant Lidia cherche à bien apprendre l’anglais pour pouvoir lire les écrits de sa nouvelle foi : cours intensifiés 3h par semaine (elle a commencé à étudier l ‘ anglais il y a 7 ans) et commence à traduire la littérature baha’ie en espéranto : seule les « Paroles cachées » existent. Et ses lectures baha’ies lui inspire de publier dans le journal espérantiste « Pola Espérantista » de 1929 un conte allégorique (« Birdo en Kaĝo » inspiré du passage D’Abdul-Baha sur «  la vie après la mort » (Leçons de Saint-Jean d’Acre.) où elle défend les idées de fraternité et de justice. Février 1929 Lidia rencontre à nouveau Martha Root durant deux semaines. Lidia ne rencontre peu ou pas du tout de succès avec ses cours d’enseignements, ses lectures en espéranto et ses efforts pour intéresser les gens à Varsovie. Néanmoins elle commence à traduire en espéranto « Baha’u’llah et l’ère nouvelle » et travaille sur les « Causeries d’Abdul-Baha à Paris ». L’arrivée de Martha Root encourage Lidia à reprendre sa traduction sur le livre du docteur Esslemont. Lidia et Martha aiment dorénavant à prier ensemble. Martha Root admire les capacités de Lidia et lui prédit qu’elle aura l’une des plus grandes opportunité de ce siècle, c’est à dire relier les deux grands mouvements que sont la foi baha’ie et l’espéranto. Eté 1929 : Lidia se retrouve avec Martha à Vienne pour l’ ouverture du musée international d’espéranto. A cette occasion Lidia offre au Musée un manuscrit précieux de son père de 1881. Août 1929 : 21ème Congrès universel d’espéranto à Budapest. Discours sans concession, courageux de Lidia sur le thème « La tombe du soldat inconnu » où elle dénonce la guerre, la gloire, la tuerie dans les tranchées. Elle parle aussi durant deux autres rencontres baha’ies et sert comme président honorifique où elle lit des extraits du livre d’Esslemont. De retour en Pologne Lidia correspond avec Agnès Alexander (enseignante baha’ie au Japon depuis 1914 et espérantiste depuis l’époque de Zamenhof).
 

LE PELERINAGE A HAIFA
 

Puis arrive le moment crucial de l’épreuve du pèlerinage à Haïfa en Avril 1930 suite à une réponse enfin favorable du Gardien de la foi baha’ie Shoghi Effendi après un an d’attente. En plein questionnement spirituel, dépressive, désespérée à son arrivée à Haïfa, elle trouve une arme : la prière ( c’est à Haïfa qu’elle a appris à prier). Mais malgré ses prières régulières aux Tombeaux sacrés rien ne se passe. Puis un jour il y a un signe de Dieu qui lui apparaît après une longue prière : « la petite araignée rouge qui secouée terriblement par la main de Lidia ne tombe pas complètement au sol ». Lidia est malgré tout encore « un enfant criant dans l’obscurité » mais le dernier jour lorsqu’elle monte pour la dernière fois le Mont Carmel et se prosterne pour une dernière prière. C’est là et à ce moment précis que son découragement disparaît et qu’elle reçoit une confirmation, une illumination divine et qu’ elle devient baha’ie dans son cœur. Ensuite elle reste 2 semaines en Palestine, visite l’université hébreuse vieille de 50 ans sur le Mont Scopus et présente une grammaire en langue yiddish écrit par son père. Depuis quelques années Lidia s’intéresse à la méthode « Cseh » pour mieux enseigner l’espéranto. Elle a ainsi assisté à des cours individuels « Cseh » à Edimbourg (1926) et Dantzig (1927). Ainsi Lidia part pour Arnhem jusqu’au 29 Juillet. Et devant le succès de cette méthode « Cseh », un institut international s’établit à la Hague en 1930 : en 1937, il y a 439 enseignants qualifiés dont 34 voyagent sur un plan international pour des cours.
 

"BAHA’U’LLAH ET L’ERE NOUVELLE" EN ESPERANTO
 

Août 1930 : 22ème Congrès universel d’espéranto à Oxford. Attaques dans la presse britannique contre l’espéranto dues au racisme anti-juif de l’époque de tous les cercles nationalistes d’extrême droite et de la propagande nazie. Lidia parle de l’homme, de Dieu, des prophètes (métaphore des rayons du soleil). Puis elle voyage à Londres, parle le 13 août au « Baha’i Reading Room on Regent Street » où elle utilise la métaphore « des loups dans la nuit, les yeux séduisants dans les marécages et l’humanité comme un enfant devant suivre la voix du Père, les enseignements de Baha’u’llah alors qu’elle s’égare une fois de plus et qu’elle sera victime de ces loups si elle ne rentre pas à la maison ». Retour à Varsovie le 18 Août et elle confie à Julia Isbrucker (l’une des fondatrices de l’institut Cseh) son enthousiasme et son admiration pour les cours « Cseh » et son inventeur. Dès lors pour Lidia enseigner l’espéranto devient sa mission même, « sa récréation ». Fin 1930 Lidia publie sa traduction de « Baha’u’llah et l’ère nouvelle », des fictions littéraires « Halinjo », «  l’araignée », publiées en 1931. Mais aussi des histoires courtes de science-fiction publiées dans le journal  « Pola Esperantisto » (« Greeting to the Stars »). A ce moment Lidia est désapprouvée de son choix de promouvoir le message de la foi baha’ie aussi bien par le public que par sa famille. Et notamment par l’éminent président du Congrès de Cracovie à venir, le professeur Odo Bujwid. Ainsi Lidia confie son angoisse à Shoghi Effendi :… situation très difficile… .Mais malgré toutes les pressions du moment, Lidia refuse de céder et reste ferme.
 

TRADUCTION DES "CAUSERIES D’ABDUL-BAHA A PARIS"
 

Août 1931 : 23ème Congrès universel d’espéranto à Cracovie. Au cours d’une soirée littéraire organisé par les directeurs du « Monde de la littérature », Lidia lit avec émotion un poème épique « Pan Tadeusz » de Mickiewiecz en espéranto. Un autre jour, Lidia fait écouter un enregistrement rare de la voix de son père sur un disque cylindrique qui « cause beaucoup d’émotions parmi les auditeurs ». Et à une session baha’ie elle parle du développement de l’humanité depuis les temps anciens. Le 12 Août à Bialystock, Lidia et sa sœur Zofia aident à poser la 1ère pierre pour le monument qui doit être construit, une tour de Babel de 12m de haut ( cela ne se fera jamais ). En 1932 la situation économique en Pologne est très mauvaise et Lidia ne gagne pas assez d’argent avec ses cours et ses traductions baha’ies « faites par amour et non pour l’argent ». Elle publie « Les Causeries d’Abdu’l-Baha à Paris » en espéranto et commence à traduire « le Livre de la Certitude » dans une édition anglaise ancienne. Ainsi le Gardien de la foi baha’ie Shoghi Effendi lui en envoie une plus récente. Lidia traduit aussi la littérature polonaise «Quo Vadis » de Henri Sienkiewicz et est nommée au comité éditorial du journal espérantiste « Nova Tago » et écrit des articles pour l’Encyclopédie de l’espéranto, le premier publié en 1933. En outre elle devient un nouveau type de femme, indépendante, compétente dans son domaine, qui gagne sa propre vie, féministe. Les projets et les perspectives à Varsovie sont sombres. Mais lorsqu’elle assiste à son 2ème cours d’enseignement « Cseh », Lidia est encore plus enthousiaste et veut aller propager l’espéranto à l’ étranger. De fait Martha Root change ses plans et le 18 Mai 1932 elle rencontre Lidia à Varsovie : « son précieux enfant spirituel ». « Je la considère comme l’une des grandes âmes de l’Europe. Elle est née traductrice, elle a un talent pour cela et les livres qu’elle a traduit en espéranto seront un grand levain non seulement en Europe mais aussi dans le lointain Orient. Son esprit est vif et logique et je n’ai jamais rencontré auparavant que quelques personnes comme Lidia. ». Lidia et Martha passe du temps ensemble, lisent à haute voix « Le Livre de la Certitude ». Lidia confie à Martha ses sentiments et ses rêves. Elle veut étudier maintenant la Persan mais il n’y a pas de Consulat perse en Pologne, et la langue n’est pas enseignée dans les universités. Mais Martha Root souhaite qu’elle quitte la Pologne pour travailler ailleurs ( Lidia aurait voulu aller au Caire). « Elle a un rang très élevé comme individu. Elle est si jeune dans la Cause, je ne souhaite pas que son esprit soit réprimée. Et je souhaite que ses capacités se développent et soient utilisées à son plus haut degré. »
 

LE CONGRES A PARIS
 

Août 1932 : 24ème Congrès universel d’espéranto à Paris. Nouvelle rencontre de Lidia et Martha Root. Dans un discours audacieux, convaincant, stimulant , Lidia parle de « l’homme moderne et la religion » : accord science / religion, interprétations littérales des concepts religieux par des serviteurs étroits d’esprit. Mais aucun journal espérantiste ne relate l’évènement dans ses lignes. Puis suite à une demande d’enseignant « Cseh » pour la société espérantiste de Gâvle (Suède), Monsieur Cseh leur recommande Lidia. Alors qu’elle termine la traduction du « Livre de la Certitude », Lidia accepte. Alors que c’est l’époque difficile pour elle pour obtenir un visa et un passeport : voyage repoussé deux fois.
 

LIDIA ENSEIGNANTE ITINERANTE ET FEMME INDEPENDANTE
 

En Septembre 1932 à 28 ans Lidia part de chez elle pour devenir une enseignante espérantiste itinérante et une femme indépendante. Fin septembre elle arrive à Gâvle mais seulement 25 personnes assistent aux cours. Puis le 15 Décembre ( anniversaire de la naissance de son père), Lidia parle à la radio où elle évoque le retour de ses parents à Varsovie au moment de la 1ère guerre mondiale à travers la Suède. Elle quitte la Suède le dernier jour. Puis elle reçoit une invitation d’un groupe espérantiste de Lyon pour des cours « Cseh ». Alors qu’en France la tolérance envers l’espéranto n’est pas aussi bonne qu’en Suède (activités de Louis de Beaufront, délégation française à la Ligue des Nations). Mais après un voyage hivernal en train à travers l’Europe du Nord, Lidia arrive à Lyon avec une charmante grippe. Cela grâce principalement au soutien moral et financier d’un couple espérantiste, Emile et Marie Borel. Car il leur a fallu trouver 4000 francs de l’époque !!!!! pour sa venue, pour sa publicité, et cela a été fait !
 

LES DEBUTS DE LIDIA EN FRANCE

Le 20 Janvier 1933 Lidia donne ses premières leçons à l’université de Lyon, hall Edgar Quinet, 400 personnes environ. Ses cours (3 semaines) remportent un très grand succès (de 144 à 170 élèves inscrits), bien relayés par la presse lyonnaise élogieuse (Le Progrès de Lyon : articles, photographies). Lorsque Lidia quitte Lyon : soirée d’adieu émouvante à la Maison Dorée, les nouvelles de ses cours couronnés de succès suscite l’enthousiasme et l’excitation parmi les espérantistes d’autres villes de France. Ainsi sa renommée l’appelle à Montbéliard, Belfort, Valentigney, Saint-Étienne (de 80 à 103 pers),Bordeaux (80 perssones). Cela du 8 au 30 Juin 1933. Puis Lidia et Les Borels voyagent en Hollande pour assister à un séminaire pour enseignants à la méthode « Cseh »( plusieurs semaines) courant Juillet.
 

SEJOUR EN FRANCE
 

26 Juillet 1933 : célébration de la naissance de l’espéranto. Fin Juillet Lidia va à Bergen-op-Zoom pour la dédicace d’un monument à son père où elle parle du grand idéal de son père : l’esprit d’unité et de fraternité parmi les peuples. Août 1933 : 25ème Congrès universel d’espéranto à Cologne. Période troublée, montée du nazisme. Lidia qui est absente envoie un petit discours à Elsa Maria Grossmann, une baha’ie allemande présente à Cologne. Mais en 1933 dans cette ville, peu entendent ses mots. Lidia retourne à Lyon (2 semaines avec les Borels, courant Septembre) puis va à Romans (80 pers.). Ensuite elle écrit au Gardien Shoghi Effendi qui lui répond : « .. L’encourage fortement à étudier le Persan comme préliminaire à une visite en Perse où elle sera particulièrement bienvenue et où ses services ont déjà été appréciés ». Lidia se retrouve ensuite à Châteauroux (46 pers.). Fin Novembre retour à Lyon (161 pers.) : L’intérêt pour l’espéranto, en France semble croître. Décembre : Marseille (70 pers .). Durant cette période, Lidia perd son oncle Félix qu’elle aimait beaucoup et un autre oncle Léon Zamenhof. Janvier 1934 : fin des cours à Marseille, puis Vallauris, Saint-raphaël, Cannes (100 pers.). Sa traduction de « Quo Vadis » est publiée à Amsterdam. Printemps 34 : Grasse, Vence, Bordeaux, (Mai), où elle est présidente honorifique au Congrès espérantiste national français. Durant son passage en France, Lidia attire de 50 à 100 personnes en moyenne. Puis avant le Congrès à venir, elle fait une visite au cimetière juif où elle constate que la tombe de son père est salie par des inscriptions d’espérantistes.
 

NOUVELLE VISITE CHEZ LES BOREL

Août 1934 : 26ème Congrès universel d’ espéranto à Stockholm. Courte allocution de Lidia fortement applaudie grâce à ses cours renommés en France bien relayée par la presse espérantiste. Pour beaucoup, Lidia est vu comme la personne gardant fidèlement l’esprit de son père, alors que ses idéaux sont attaqués. Nouveau discours de Lidia à la « rencontre baha’ie » habituelle : ses mots vont droit au cœur de tous, l’attention est profonde. Lidia parle comme quelqu’un d’inspirée. Le 18 août : Lidia quitte Stockholm. Lidia et Martha Root ne se reverront plus jamais. Après Lidia retourne en France : Châteaurenard, Orléans, Thiers, (Nov .34), Moulins (Déc .34). En 1935 elle donne des cours à Romans, Perpignan, Châteaurenard. En Avril 35 : retour à Lyon chez les Borels, Quai Claude Bernard ; 2 cours à Lyon, 1 à Villeurbanne, 1 à Oulins (400 pers.en tout). Les étudiants et les amis de Lyon admirent Lidia alors qu’en France peu de monde l’aime (groupes espérantistes, Louis de Beaufront). Visite de Lidia à Antoinette Niquet, une espérantiste aveugle et sourde dans un hôpital près de Lyon depuis l’âge de 15 ans. Elle offre à Lidia un carnet avec un poème de Zamenhof écrit avec des grosses lettres perçées dans les pages.
 

ALLOCUTIONS AUX FEMMES
 

Août 1935 : 27ème Congrès universel d’espéranto à Rome. Pour la 1ère fois une causerie baha’ie présentée par Lidia est au programme du Congrès lui-même. Elle y parle de la nature de l’homme, de l’existence de Dieu et de sa relation avec ses créatures, de l’immortalité de l’esprit, de la libre volonté et de la destinée, de la signification de la souffrance. Puis Lidia s’adresse, comme les années précédentes, à l’union des femmes espérantistes : « elles doivent devenir une force pour la paix, ne doivent pas laisser leurs enfants jouer avec des jouets de guerre ». Ainsi Lidia encourage l’ audience à enseigner l’espéranto à leurs enfants. Après une croisière à travers la Méditerranée (Malte, Tripoli, Libye), Lidia retourne en France. Ses premiers cours sont à Haguenau, puis Saint-Etienne, Hyères (5 Nov.). Lidia se sent très fatiguée. En outre une crise au sein du mouvement international « Espéranto » s’annonce (question de la neutralité de la langue, abandon des idéaux de Zamenhof par certains). A l'U.E.A fondée en 1908, Edmond Privat et Andréi Cseh ne sont pas réélus. Le nouveau président est Louis Bastien un général français et le vice-président est Anton Vogt, un membre allemand du parti nazi. D’où découle un article mensonger « le point de vue allemand sur le problème racial » dans le journal officiel d’espéranto. Face à cela Lidia réagit dans des articles courageux, dénonçant chez les espérantistes des attitudes internationalistes, l’hypocrisie nationaliste, la haine dans les cœurs, la « misère spirituelle », la lâcheté du comportement et encourage des attitudes plus positives : s’engager dans l’espéranto.
 

INTERVIEW PAR UN REPORTER DU NORD DE LA FRANCE
 

Hiver 1935-1936 : Lidia donne 3 cours au Havre et Sanvic, où le gouvernement de la ville, favorable aux cours de Lidia, lui attribue 1000F et la chambre de commerce 450F . En Février un reporter du « Petit havre » interview Lidia (de son modeste domicile sur le boulevard François 1er) et lui demande si l’espéranto a fait beaucoup de progrès en France ? «  Je suis profondément convaincue de cela. Dans les villes que J’ai visité, notamment Lyon et Toulon, l’espéranto a gagné beaucoup d’adhérents. Mais il est certain que la France n’est pas au premier rang des nations espérantistes et que les efforts de pays comme la Hollande, la Suède, où même un peu partout au Japon sont beaucoup plus soutenus qu’en France. C’est pourquoi, par conséquent je suis venue dans votre pays » . Question du reporter : Est ce que une langue internationale peut amener la paix ? Lidia répond qu’elle contribuera puissamment à une meilleure compréhension parmi les gens et qu’il « n’y a pas d’amour sans compréhension ». Finalement le reporter conclut qu’avec « une telle élégance, une telle énergie, un tel courage, elle est certaine d’atteindre un jour prochain le but qu’elle cherche si passionnément à accomplir » Après une soirée d’adieu (Mars), Lidia va à Moulins ( + de 180 pers ., 3 mariages !!!). Printemps : retour à Thiers et Romans. Au cours des années et à travers les efforts des espérantistes, il y a maintenant environ 40 rues «  Zamenhof » incluant la rue dans le quartier juif de Varsovie – Dzika- où les Zamenhof ont vécu.
 

DISCOURS SUR VERDUN A LA RADIO
 

Le 11 Juillet 1936 Lidia fait un discours émouvant à la radio à propos de Verdun : « apprenons les leçons du passé, jurons que ces jours ne puissent jamais revenir ». Août 1936 : 28ème Congrès universel d’espéranto à Vienne (854 pers.). Juin1936 : Heydrich décrète que toutes les organisations de langue artificielle soient liquidées le 15 Juillet. Lidia visite pendant 2 jours le bureau international baha’i à Genève. Le Congrès (arrangé par Lidia elle-même) se gâte entre les partisans d’ U.E.A qui veulent changer de quartier général (de Genève à Londres) avec ceux qui ne veulent pas. Et les partisans d’une nouvelle organisation (I.E.L). Finalement « I.E.L » l’ emporte et U.E.A n’a plus u’une centaine de membres dont Lidia à jamais fidèle. Lidia dit : « Seul notre force est dans l’unité ». Puis Lidia fait un discours poignant, très provocateur, avec des mots justes et pertinents. Thème : «  L’influence en Europe de la situation politique et économique sur la situation de la femme ».
 

CORRESPONDANCE REGULIERE DE SHOGHI EFFENDI
 

Après un retour de plusieurs semaines à Varsovie, Lidia retourne à Nantes ( 182 p.) : le plus grand nombre de personnes jamais inscrites dans une classe ; 70 pers. En cours avancé). Puis d’autres cours à Lyon ( environ 100 pers.). Pour Martha Root Lidia est «  la meilleure enseignante d’ Europe pour venir dans notre pays ( les USA) et elle est la baha’ie la plus confirmée ». En Juillet 1936 le Gardien écrit à Lidia : « Ce serait merveilleux si vous pouviez visiter les USA où les amis sont si impatients de vous rencontrer et de vous accorder une sincère bienvenue…… dans le cas où vous décidez de venir les voir, que je souhaite vous présenter à eux d’une manière convenable ». Lidia remercie le Gardien de cet encouragement. Néanmoins comme l’association espérantiste américaine est en difficulté financière, certains doutent du succès de Lidia, d’autres voient d’un mauvais œil son affiliation baha’ie, d’ autres encore ne croient pas que Lidia puisse gagner assez d’argent pour supporter elle-même ses frais. Ainsi les baha’is et les espérantistes ajournent le voyage de Lidia. En Nov 36, Shoghi Effendi écrit : « Chère estimée collègue, J’ai discuté avec l’assemblée spirituelle nationale et je suis confiant que les croyants américains seront non seulement heureux mais également désireux de vous voir offrir une cordiale bienvenue. Vos services, passés et présents, sont, je crois, un prélude à un enregistrement remarquable de services qui enrichiront les annales de la foi sacrée de Dieu. Persévérez, redoublez vos efforts précieux et hautement méritoires ». Avec les années, Lidia s’est construit un attachement spirituel au Gardien.
 

HISTOIRE ALLEGORIQUE AVEC UN MYSTERIEUX MUSICIEN
 

Mais Lidia a peur de ne pas être à la hauteur devant un large groupe de baha’is (inhabituelle pour elle) et ne se sent pas capable de parler en anglais avec son accent polonais. De plus aller aux USA l’effraie un peu. Néanmoins une nouvelle fois Lidia sent que le temps est court, que son travail devient plus crucial que jamais. Ainsi elle élève la voix pour l’unité, la paix (articles, radios, lectures) où elle s’adresse fréquemment aux femmes. Et elle écrit aussi une histoire allégorique prémonitoire avec un musicien mystérieux symbolisant la mort, qui joue un prélude…. (1914-1918). Puis un autre article courageux « le chemin du surhomme » où elle dénonce l’attitude prévalent qui mène le développement physique au dessus du développement spirituel.
 

LIDIA DANS L’ATELIER DE MONSIEUR SCOTT
 

2/3 Janvier 1937 : Lidia se retrouve dans l’atelier de Monsieur Scott. En Fév, Lidia n’a toujours pas reçu d’invitation officielle des USA. Finalement l’assemblée des USA envoie une invitation cordiale pour visiter les USA. Lidia répond : « Je prie que Baha’u’llah puisse me rendre capable de servir aux USA, de donner son message à quelques espérantiste et d’aider les amis baha’is à connaître cette langue qui a été créée à travers le pouvoir créateur du Verbe de Dieu ». Lidia écrit que si elle sure de recevoir l’ hospitalité, elle n’aura pas à faire payer pour ses leçons. Finalement l’ arrangement des cours de Lidia reste entre les mains des espérantistes. Au printemps 1937, Lidia va à Paris donner plusieurs cours « Cseh » dans un restaurant espérantiste « l’Etoile verte », 9ème arrondissement. Mais ses cours n’attirent qu’une poignée d’élèves. Un cours à Versailles (c’est son dernier cours en France) rencontre plus de succès.
 

ARTICLE DE LIDIA CONTRE LA GUERRE
 

Lidia écrit également un article (suite à une rencontre avec une espérantiste français vétéran, aveugle et décoré) : « Dehors la guerre ! La paix est sacrée ! ». En Mai 1937 Lidia présente à la conférence internationale d’espéranto sa leçon de démonstration « Cseh », donne plusieurs discours. Dans l’une elle parle de l’évolution de la société humaine, dans une autre de la foi baha’ie. Dans ce dernier discours, l’image que peint Lidia est plus une expression de son désir profond qu’une réalité, car seuls quelques baha’is sont d’enthousiastes espérantistes, d’autres semblent peu intéressés. Ainsi les espérantistes voient cela comme une hypocrisie. En fait la plupart des baha’is ne se sentent pas très concernés par la question au contraire des espérantistes qui croient que la langue internationale doit venir sans attendre de décision officielle (avertissement de Zamenhof en 1891!). Ils sentent le besoin immédiat mais ils pensent que le choix des gouvernements sera évident et que l’espéranto deviendra juste une convenance entre les gouvernements. En outre l’indifférence envers l’espéranto prévaut parmi les baha’is des USA (isolement géographique, contacts rares, isolationnisme) qui croient (certains !) que l’ anglais sera la langue auxiliaire universelle du futur. Devant ce constat Lidia est déterminée à essayer de créer un pont de coopération entre ces causes sacrées là bas aux USA. Pour ce séjour aux USA l’ association espérantiste d’Amérique du Nord (E.A.N.A) a désigné un comité de trois personnes chargés de s’occuper de la liaison entre Lidia et les groupes souhaitant communiquer avec elle : Della Quinlan et Joséphine Kruka, baha’ies. Samuel Eby, ministre swedenborgien et Ernest Dodge, président du comité exécutif de l’E.A.N.A. Puis Lidia va au Consulat américain à Paris pour faire une demande de visa. Elle demande à Horace Holley d’envoyer les documents légaux nécessaires sans tarder. Ernest Dodge est la personne qui joue un rôle important dans le voyage de Lidia aux USA.
 

CORRESPONDANCE AVEC JOSEPHINE KRUKA
 

En Avril il écrit à Joséphine Kruka sur 2 points : le temps de séjour de Lidia et la restriction ou non en regard de son travail pour de l’argent. Mais le comité est préoccupé par d’autres problèmes. Ainsi Monsieur Dodge écrit à Lidia et lui exprime sa déception devant l’attitude d’ indifférence, de doute, de scepticisme des baha’is à propos de la langue auxiliaire internationale. 10 Juin : Lidia n’a pas encore entendu le président du comité. Consciente des problèmes de racisme aux USA, elle écrit qu’elle «  souhaiterait donner un cours « Cseh » à Haarlem ». Mais cette idée n’ a jamais été prise au sérieux.
 

MORT DE MARIE BOREL
 

En Juillet Lidia, encore à Paris, apprend que Marie Borel , son amie proche et sa mère adoptive de Lyon, est morte après une longue maladie. Elle assiste aux funérailles à Arles. Puis elle repart à Varsovie où l’antisémitisme croît de jour en jour d’une manière plus intensive vis à vis des Juifs.
 

VISITE SPECIALE A BIALYSTOCK
 

Août 1937 : 29ème Congrès universel d’espéranto à Varsovie (50ème anniversaire de la publication de la langue). Congrès froid ( l’espéranto n’est pas populaire en Pologne) où certains journaux attaquent la foi baha’ie. Durant celui-ci une visite spéciale est organisée à Bialystock au lieu de naissance de Zamenhof. Lidia rencontre Samuel Eby. « La Praktiko », journal espérantiste, commémorant le 20ème anniversaire de la mort de Zamenhof, loue Lidia : De 1932, début de ses voyages à maintenant (1937), Lidia a donné environ 50 cours « Cseh » à environ 3000 élèves.
 

VOYAGE DE LIDIA A NEW- YORK
 

Le 20 ou 21 Septembre le « MS Batory » part du port de Gdynia avec Lidia à son bord et arrive le 30 Sept. A New-York, Lidia est accueilli par Horace Holley et Della Quinlan. Impressions de Lidia sur New-York : « incomparable pour ses gratte-ciel, le trafic fiévreux, la grande foule de gens, d’automobiles, de toute chose que le monde possède. Mes genoux tremblent encore et je sentais encore le roulis du bateau, mais il n’y avait pas de temps pour penser à cela. Ma chambre est au 16ème étage, se remplit rapidement de journalistes et d’espérantistes. En Amérique, on ne perd pas de temps ! ». Les reporters américains interrogent Lidia plutôt par des questions personnelles, inhabituelles aux étrangères. Un autre ne prend pas très au sérieux le voyage de Lidia. Deux jours après l’arrivée de Lidia, l’A.S.N de New-York donne un thé en son honneur au centre baha’i au 119 de la 57ème rue Ouest et les espérantistes new-yorkais donnent un dîner pour la présenter aux espérantistes. Ensuite Lidia parle en anglais avec un délicieux accent français. Della Quinlan est immédiatement séduit par Lidia. Le soir un cours de démonstration « Cseh » a lieu. Dans un article de Diana Klotts dans un périodique juif « The Sentinell » d’abord médiocre puis d’un autre ton après avoir assisté à un cours de Lidia, elle dit : «  C’est le soir, et la pièce Est de New-York est remplit de gens écoutant une jeune femme de 33 ans dont les yeux étincellent derrière des lunettes….. Avec tout le courage et la sagesse d’une Minerve moderne, elle se tient devant le public et avec une voix pleine de vivacité , dit étrangement, en signe d’introduction : « Je suis Lidia Zamenhof »…………. « alors que la soirée avance et que son introduction est terminée, elle descends de l’estrade et la première leçon d’espéranto commence. Et il y a de l’humour, du rire, beaucoup d’amusement dans la petite pièce Est. Il n’y a rien d’ ennuyeux à propos d’une langue aussi vivante que l’espéranto….. Elle dira : « Je vous aime », et il y a le reflet d’une étrange lueur interne. Oui, Lidia Zamenhof est belle –comme le message qu’elle apporte. Titre : La grande prêtresse de l’espéranto » .
 

LA JAUNISSE DE LIDIA
 

Deux semaines plus tard Lidia parle au centre baha’i sur : « Le retour de l’héroïsme spirituel ». C’est encore un succès. Ainsi Lidia conquiert rapidement les cœurs des baha’is américains. Mais des ennuis commencent à arriver. Les relations entre les espérantistes se tendent et sont aggravés par un conflit entre Della Quinlan et Samuel Eby (81 ans). Pour Della il est clair que Monsieur Eby est opposé à la foi baha'ie. Les premiers cours d’espéranto à New-York ont 53 élèves qui paient 5 dollars chacun. Ce maigre résultat est du au fait du manque de publicité fait autour de Lidia, cela volontairement par Monsieur Eby. Conséquence : Lidia tombe malade, milieu Octobre, elle a une jaunisse et doit arrêter ses cours une semaine. Cela est du aussi au fait du long voyage, au décalage horaire, à l’adaptation à un pays étranger. Mais aussi au logement où Monsieur Eby l’a placé : radiateur cassé, distance entre ses cours éloignée. Malgré sa maladie, Lidia se bat avec ses classes jusqu’au moment où elle doit s’arrêter une semaine : elle a la jaunisse. Entre-temps la tension entre Della Quinlan et Monsieur Eby grandit. Della pense qu’il souffre d’une démence sénile en progression rapide. Malgré cela, en tant que président du comité d’organisation, il garde un pouvoir considérable. Ainsi le sujet du visa est une nouvelle fois écarté. Fin Octobre, Lidia va mieux et durant ces jours difficiles elle reçoit une lettre de Shoghi Effendi : « Je vous transmets mes prières ardentes pour vos succès sans précédent dans votre voyage historique aux USA…. Persévérez et soyez confiante ».
 

RENCONTRE AVEC ROAN ORLOFF
 

Début Novembre, nouvelles attaques de Monsieur Eby contre Lidia mais elle reste concentré sur son travail. Lidia rencontre Roan Orloff, une jeune enseignante utilisant la méthode « Cseh » auprès duquelle elle se sent très proche : « Je sens que nous sommes vraiment des sœurs, comme bahaies, comme espérantistes et finalement par notre amour commun de la chère Martha Root, que j’ai toujours appelé ma mère spirituelle…. ».
 

LA RENCONTRE AVEC LES GIACHERY ET AGNES ALEXANDER
 

Puis Lidia rencontre le docteur Ugo Giachery et sa femme Angeline. Les Giacherys sont particulièrement touchés par la dévotion de Lidia à la foi baha’ie. Impressions de Lidia sur New-York : « on peut manger une glace deux fois par jour… », « Les harengs dans une boîte apprécient le luxe et l’espace comparé avec les new-yorkais dans les trains du métro après la fermeture des magasins et des bureaux ». A cause de son besoin de revenu pour ses cours, il est décidé que Lidia ne visite seulement que les grandes villes de l’Est et le Midwest où sont établis des groupes baha’is et espérantistes, bien qu’elle espérait voyager à travers tout les Etats-Unis. Lidia accepte les choses, elle parle à l’association de la presse féminine (500pers) et aux étudiants des hautes écoles juniors de Brooklyn et Est Orange (New Jersey). Un autre jour le Docteur Ali Kuli-Khan qui l‘entend pour la 1ere fois dit : « Elle a le feu de l’esprit, la foi, et l’éloquence ». Puis Lidia rencontre Agnès Alexander de retour d’un pèlerinage à Haïfa qui l’informe que le Gardien « a demandé à certains baha’is chrétiens, d’abandonner leurs églises chrétiennes, une fois qu’ils sont baha’is ». Lidia se demande si cette instruction s’applique aussi pour elle et demande conseil auprès du Gardien.
 

VISITE A PHILADELPHIE EN 1938
 

2 Janvier 1938 : Lidia quitte New-York pour Philadelphie où elle reste 7 semaines. La rencontre du jour se révèle catastrophique, d’une part parce que Horace Holley doit partir après avoir présenté Lidia et parce que la traduction d’un espérantiste qui visiblement n’aime pas Lidia, est un fiasco. Malgré cet épisode déprimant un petit discours avec quelques mots de Baha’u’llah la revivifie. Cependant les attaques perdurent contre Lidia : médisances, mensonges, antagonismes contre les baha’is, rumeurs de doctrines communistes, etc…. ce qui n’empêche nullement Lidia de correspondre avec des personnes en Pologne et en France. Comme toujours et avec anxiété Lidia attend l’arrivée de lettres du Gardien qui lui apporte toujours une force nouvelle. Dans l’une d’elle, il lui dit « que le fait d’être de la Communauté juive de Varsovie n’implique pas une connotation religieuse définie, et qu’il n’est pas nécessaire pur le moment d’abandonner ce corps ». « «  avec les assurances renouvelées de ses prières pour la confirmation de vos travaux pour la Cause, et avec mes amitiés pour votre santé et pour votre protection…… ». PS : « Puisse la main toute puissante de Baha’u’llah vous guider et vous soutenir dans vos services merveilleux et historiques pour la foi aux USA et vous rendre capable d’augmenter les splendides enregistrements de vos services internationaux inoubliables. Votre vrai et reconnaissant frère, Shoghi ».
 

NOUVELLE CORRESPONDANCE AVEC SHOGHI EFFENDI
 

En outre en Janvier, Lidia reçoit de la part d’Horace Holley la copie d’une lettre du Gardien adressée à un espérantiste George Winthrop de 1906 qui la trouble :« Vous vous plaignez que les croyants aux USA n’attachent pas suffisamment d’importance à l’étude de l’espéranto ; cela pourrait être vrai et est en partie dû au fait qu’ils ne croient pas que cela se développera comme la langue auxiliaire internationale de l’avenir. L’intérêt qu’ont et devraient avoir les baha’is dans cette langue est essentiellement à cause de la signification vitale de l’idée qu’ elle représente plutôt que la croyance dans …. Comme un moyen d’expression international approprié et adéquat. Les baha’is en fait saluent l’espéranto comme la première expérience de cette sorte dans les temps modernes. Ils sont en pleine sympathie avec les espérantistes aussi longtemps qu’ils insistent sur la nécessité absolue de la création d’une langue internationale d’être étudiée par tous les peuples du monde en plus de leurs langues nationales respectives. Le Gardien lui-même l’aurait appris, mais ses occupations sont si multiples et écrasantes qu’il ne peut trouver sans doute le temps de le faire. C’est son espoir que Mademoiselle Zamenhof, la fille distinguée du créateur de l’espéranto aidera, à travers son contact avec les amis aux USA, à stimuler de nouveau la propagation de cette langue parmi les différents individus baha’is et les centres. Vous ferez certainement tous les efforts pour la rencontrer pendant qu’elle est aux USA ».
 

LIDIA A DETROIT
 

Fin Février, Lidia quitte Philadelphie (34 élèves à son cours) pour Détroit (Michigan). Là- bas 12 espérantistes travaillent durs pour la publicité des cours de Lidia : prospectus, interviews parlés, radiodiffusions, lectures. Ainsi Lidia s’adresse à des baha’is, à l’association des femmes juristes, au club Zonta, à la société végétarienne, à deux organisations auxiliaires maçonniques, parle en anglais sur « WWJ », la station de radio de Détroit, 2 radiodiffusions en polonais sur la station « WJBK ». En tout 32 articles sont publiés sur elle dans 19 périodiques en 7 langues incluant le polonais, le bulgare, l’allemand , l’ukrainien, et le yiddish. Tout cette publicité aboutit à 72 élèves dont 57 terminent les cours. Extraits du reportage de la société espérantiste de Détroit : « Le travail de Mademoiselle Zamenhof est éminemment satisfaisant…. Son aptitude a enseigner n’a pas été encore pleinement évaluée…. Mademoiselle Zamenhof est plus qu’une enseignante, est plus qu’une célébrité….. ». Fin Mai : pique-nique d’adieu au lac Orion en l’honneur de Lidia. Parallèlement Lidia défend le legs de son père contre les attaques des nationalistes en Europe, qui veulent changer le nom « Espéranto » en « Européen ». Extraits : « le nom original de l’espéranto a été «  langue internationale….. c’est, soyons en sur, basée sur les langues européennes….. pour essayer d’utiliser l’espéranto, qui a été crée afin que toutes les nations et toutes les cultures puissent être égales sur leurs bases….. proclamer la supériorité d’une part de l’humanité sera complètement contraire à l’idée de l’espéranto… Zamenhof n’a pas suivi les tendances de l’époque…et s’il avait été justement l’un de ces moutons dans le troupeau sans espoir, il n’aurait jamais crée l’espéranto ».
 

LES ENSEIGNANTS ESPERANTISTES A GREEN ACRE
 

Courant 1938 les nouvelles venant d’Europe n’ont jamais été aussi inquiétantes. La discrimination, le boycott et la violence contre les Juifs augmentent plus largement en Europe, non seulement en Allemagne et en Pologne mais dans d’autres pays. Un leader juif américain observe : « Nous sommes revenus au Moyen-Age ». Après l’Anschluss d’Hitler, Lidia écrit à Della Quinlan : « est-il possible que le grand Drame commence déjà ? Plus que jamais chacun doit se tourner vers Baha’u’llah dans ces moments ». En plus Lidia constate que l’ASN des USA a décidé de former des enseignants espérantistes à la méthode « Cseh » à l’école d’été baha’ie de Green Acre.
 

LE PREMIER REVE DE LIDIA
 

Puis Lidia fait deux rêves importants : « Retournant d’une marche dans la foule, je perds ma petite mère qui n’était pas forte et en la cherchant je me retrouve dans un couloir. A la fin de ce couloir se trouvait un grand fond baptismal. De là les deux routes bifurquent, à droite et à gauche. Plein de monde allaient à travers ce couloir et en atteignant le fond baptismal, ils se divisent et sans s’arrêter ils continuent d’aller, une partie à droite, une autre à gauche. Mais qu’ils aillent à gauche où à droite, ils font leur chemin avec les mêmes efforts et je vis de larges perles de sueurs sur leurs fronts. Cherchant ma mère, je me retrouve dans une salle d’hôpital. C’était un étrange hôpital et d’étranges malades. Au milieu de la salle, sur le sol se trouve un grand cercueil avec une croix d’argent. Certains des malades sont immobiles sur leurs lits, mais d’autres entièrement blessés dans leurs lits de douleur… comme dans un linceul, sautaient et s’ébattaient sur leurs lits. Je compris que c’était un asile de fous. Je me retrouve moi-même plus tard dans un autre couloir, cherchant la sortie que je ne pouvais pas voir. Soudain, au fond du couloir, je vis une femme dans un uniforme d’ infirmière, et son orgueil qu’elle portait me fit comprendre qu’elle était l’une des chefs de l’hôpital. Je courus vers elle et lui demandait la sortie. Mais elle rendit un son incompréhensible, me regarda avec des yeux étranges, et dans ses yeux je vis aussi de la folie. Et j étais effrayé. Non à cause de quelque danger personnel pour moi-même, mais la pensée me terrifia que ceux qui étaient responsables de cet hôpital étaient aussi fous que les malades. Et je me réveillais avec terreur, évoquant le nom de Dieu. Décodage : L’hôpital, c’est le monde, les patients blessés, sautant follement sur leurs lits, sont les peuples du monde, et ceux qui sont responsables de l’hôpital sont les dirigeants actuels. »
 

LE SECOND REVE DE LIDIA
 

2ème rêve : « Il y avait un jardin célèbre à travers le monde, le plus jardin du monde, celui que chaque voyageur souhaite voir et qui est l’objet de beaucoup de voyages. Je sortais d’une vieille maison grise…. Et marchais dans cet incomparable jardin où des grappes de raisins ….. où l’air était pur et sentait bon, et où le clair ciel bleu irradiait de paix et de tranquillité. Je retournais dans la vieille maison sombre et dit aux gens qui étaient là bas : pourquoi n’allez-vous pas dans le jardin ? Je reviens. Ils répondent : pas si vite ! La police se tient à la porte et laisse les gens entrer seulement un par un et seulement pour un temps. La police ! je réponds. J’étais dans le jardin, je marchais librement et aucune police me m’interdisait d’entrer ! Le jardin est l’avenir du monde après les plus amères épreuves, le royaume de Dieu à être fondé sur la terre. La police ce sont nos propres préjugés, nos désirs égoïstes, nos limites, nos haines, tout ce qui empêche d’entrer dans le royaume spirituel. Et l’un après l’autre les gens sortent de la vieille maison sombre et grise et l’une après l’autre ils vont dans le jardin de l’esprit. Extraits : « Mais chers amis, continuez à lire les livres sur la foi baha’ie, le chemin est indiqué dedans. Persistez dans votre recherche….. »
 

LA MAISON D’ADORATION DE WILMETTE
 

Mai 1938 Lidia retourne dans l’Illinois et rencontre Joséphine Kruka et elle apprend par May Maxwell : « Les baha’is doivent adopter l’espéranto comme langue internationale pour le présent »… Il y eut un long silence…… Lidia est profondément ému par la maison d’adoration à Wilmette : « Ce temple me donne des sensations très douces ». Mais deux mauvaises nouvelles, la mort de Munirih Khanum, la femme d’Abdul-Baha et de madame Grace Roberts Ober posent un voile de grand chagrin sur la conférence. Autrement les cours de Lidia ne lui rapportent que très peu et lorsque Della Quinlan s’inquiète pour Lidia, celle-ci réplique : «  Je ne suis pas venue au pays des dollars pour devenir riche et aussi longtemps que je n’ai pas de dépenses pour la nourriture et le logement, je ne m’inquiète pas que mes gains ne soient pas grands. Mais même si je retourne en Europe, je ne pourrais pas compter sur de grands bénéfices avec la misère croissante du monde entier ». Et Lidia s’inquiète pour son départ et son retour chez elle en Pologne , elle confie ses peurs à Mademoiselle Jeanne Bolles de New-York. Finalement elle demande conseil au Gardien.
 

LIDIA EN OHIO
 

21 Mai : Lidia quitte Détroit pour Lima (Ohio) où elle arrive malade et inquiète au sujet des cours à Green Acre. Et puis Lidia a absolument besoin d’un traducteur, un « aparato » en espéranto pour ses cours. Lidia doute, le Gardien «  approuve Finlande, prières ». Lidia se désespère, une nouvelle lettre du Gardien la rassure : « Les amis, non moins que moi-même, se sentent profondément redevable de vous par vos accomplissements splendides et historiques. Persévérez dans votre tâche historique et ne sentez jamais découragée. Mes prières vous accompagne partout où vous irez et servirez ».
 

L’ « ANGE » DOROTHY BAKER
 

Impression de Lidia sur Dorothy Baker : « Parfois lorsque je la regarde, j’ai l’impression que je regarde un ange. Je l’aime beaucoup et aime être avec elle. J’aimerai atteindre au moins une petite partie de cette grandeur spirituelle qui est la sienne ».
 

MESSAGE DE LIDIA AUX FEMMES ESPERANTISTES
 

Août 1938 : 30ème Congrès universel d’espéranto à Londres. Lidia, encore aux Etats-Unis, envoie un message à l’union des femmes espérantistes qui est lue au Congrès. Lorsque Lidia quitte Lima, ses problèmes de papiers et de passeports ne sont encore pas réglés avec le Consulat de Pologne. Bilan à Lima : un succès, 62 élèves et maintenant 62 espérantistes dont les 2/3 sont baha’is. Seules les difficultés financières demeurent.
 

GREEN ACRE ET SARAH FARMER
 

Eté 1938 : une vague de terreur a lieu contre les juifs en Allemagne. Malgré cela, Lidia continue à propager l’espoir et le Congrès exprime sa gratitude pour le rôle important qu’elle joue en propageant la cause de l’espéranto. Le permis de Lidia expire le 3 Septembre mais elle reste confiante. Après un cours séjour dans le Maine, elle arrive à Green Acre sur les berges de la rivière Piscataqua. Depuis 1894 cet endroit a été établit par Sarah. J. Farmer comme une retraite pour l’étude de la religion et de la philosophie. Et en 1938 Green Acre devient une école d’été baha’ie. A son cours Lidia totalise 10 élèves dont certains ne paient pas. Et durant cette période Lidia et Roan Orloff deviennent de proches amies : le double lien de la foi baha’ie et de l’espéranto.
 

UNE INVITATION CHEZ ROY WILHELM
 

Quelques mois avant, Lidia reçoit une invitation pour visiter la retraite montagneuse de Roy Wilhelm dans le North Novell (Maine). Ce dernier est un ami proche de Martha Root. Durant ce séjour, Lidia se plait dans ce « paradis », et écrit à Harold Foulds, l’encourageant dans sa démarche spirituelle. Lidia reste finalement 10 jours. La première semaine d’août, Lidia retourne à Green Acre et est occupé par la traduction. Et auparavant, par l’intermédiaire d’ Amélia Collins, elle apprend que le Gardien souhaite qu’elle traduise «  Baha’u’llah et l’ère nouvelle » en polonais. Elle obéit malgré qu’elle n’ai jamais traduit quelque chose en polonais auparavant.
 

LE SPECTACLE THEATRAL DE « LA CHRONIQUE DE NABIL »
 

Entre-temps le Gardien demande à Lidia de finir aussi vite que possible sa traduction. Le dernier dimanche de la session de Green Acre a lieu le spectacle « Les fontaines de Lumière », qui présentent des scènes de « La chronique de Nabil », de l’histoire du Bab, prophète indépendant de la foi baha’ie au même titre que Baha’u’llah, et des scènes des « 19 lettres du vivant », croyants désignés par le Bab pour propager son message et qui subirent le martyr des mains du clergé musulman au 19ème siècle. Lidia joue Zaynab, une fille déguisée en paysan homme pour combattre au Fort Zanjan, où elle est tuée. Roan joue le rôle de Mulla Husayn, le premier à croire au Bab. Et les jours à Green Acre se terminent avec un discours de Lidia sur « Les principes baha’is pour la Paix ».
 

LES INTERVIEWS RADIOPHONIQUES A BOSTON
 

Lidia essaye ensuite de convaincre le « Service d’immigration et de naturalisation » de prolonger sa permission de demeurer aux USA. Mais le service refuse de considérer la demande de Lidia jusqu’à fin Août. Après avoir quitté Green Acre, lidia passe une semaine à Boston comme hôte de l’assemblée spirituelle baha’ie, de la société espérantiste et du cercle amical d’espéranto. Et après une interview radiophonique, Lidia est reçue par le maire de Boston, Maurice J.Tobin. Ensuite Roan Orloff s’arrange pour que lidia fasse un discours au « Temple Israël » durant le service régulier (étonnement du rabbin Lévi sur l’emploi du « O » européen). Deux autres interviews radiophoniques ont lieu et l’article de Lidia intitulé « Espéranto- une force pour la Paix » apparaît dans plusieurs revues dans toute l’Amérique. A une question sur l’existence de groupes espérantistes en Palestine, Lidia répond que « l’espéranto peur réellement aider à résoudre le problème Isräëlo-arabe » en Terre sainte. Lorsque Roan Orloff encadre sur les murs d’une pièce de l’hôtel Gralyn où se tient les rencontres du « Cercle amical espérantiste » la première lettre reçue par elle de Lidia, cette dernière dit que « Roan est folle » alors que Roan voue simplement un amour profond, une profonde admiration envers Lidia.
 

LES DISCOURS DE LIDIA A CLEVELAND
 

Ensuite Lidia doit aller à Cleveland. Là-bas après un travail de publicité important de la part des étudiants du Collège, Lidia est interviewée par les trois journaux de la ville. Mais parce que Hitler menace d’enclencher la guerre avec le problème des « Sudètes » en Tchécoslovaquie, aucun article ne paraît dans la presse .Malgré tout , Lidia parle devant une variété de groupes d’ecclésiastiques et scolaires : « école Henri George ». Et selon le docteur Simon, ses discours provoquent un intérêt et de la curiosité pour l’espéranto. D’ailleurs Lidia encourage Charles Simon à devenir un enseignant « Cseh » et celui- ci lui sera très reconnaissant. Une baha’ie, qui prend part au cours, Madame Jackson, pensent que les graines plantées dans les cœurs germeront un jour.
 

LE DEPART DE LIDIA DES ETATS-UNIS EN 1938
 

Mi-septembre, Lidia écrit à Della Quinlan : « On ne peut rien prévoir. Toute l’humanité est maintenant dans une situation terrible mais Baha’u’llah a tout pouvoir pour protéger et prendre soin de ceux qui croient en lui et se tourner vers Lui. Je place donc mon sort entre ses mains, car même si je reste aux USA durant les jours terribles qui vont venir, ma situation pourrait être très difficile ici. Mais nous devons croire en Lui, parce que nous sommes impuissants et qu’Il est le Tout-puissant. Dix jours passent encore et il reste seulement 4 jours avant l’expiration de son permis de visite. D’abord pessimiste sur le résultat de ses cours à Cleveland, elle pense que ses « 35 élèves » en ces jours de grande tension sont peut-être « modestes mais satisfaisants ». A New-York les officiels disent à Della Quinlan e ne pas s’inquiéter pour le permis de visite de Lidia. Un jour avant le délai d’expiration, Lidia a encore rien entendu. Après une demande d’Horace Holley, la réponse du département de l’Immigration arrive et stipule qu’elle doit partir au plus tard le 10 Octobre 1938. Après cette décision qui déprime Lidia, Madame Quinlan et les autres contactent les espérantistes qui ont des relations à Washington. Et malgré son désir de reste aux USA, Lidia envoie un câble au Gardien Shoghi Effendi où elle explique la situation.
 

PROLONGATION DU PERMIS DE SEJOUR AUX ETATS-UNIS
 

Le 3 Octobre un câble d’Ernest Dodge indique que les officiels consentent à étendre son permis jusqu’au 3 Décembre. Lidia apprend que l’une des causes du refus du prolongement de son permis, c’est qu’elle accepté de l’argent pour ses classe d’espéranto. Elle est stupéfaite et se demande ce que dira le Gardien. Et elle reçoit une réponse de Shoghi Effendi : « Approuve retour en Pologne, reconnaissance et amour profond, Shoghi ». Malgré que Lidia ne souhaite pas retourner en Pologne, elle pense que « cela doit être important pour la Cause » où il y a dans la partie Est de la Pologne plusieurs personnes intéressés par la foi baha’ie. Lidia écrit à Roy Wilhelm qui lui suggère de prendre la nationalité américaine mais Lidia doute du projet vu la persécution sur les Juifs. Della Quinlan rencontre May Maxwell qui vit à Montréal pour la possibilité de faire rentrer Lidia au Canada. Et en apprenant que les espérantistes canadiens refusent d’inviter Lidia, celle-ci envoie un télégramme au Gardien lui demandant la permission d’aller à Haïfa. Entre-temps le docteur Charles Witt invite Lidia à aller en Californie mais Lidia n’accepte pas. Horace Holley et l’ASN des USA essayent encore d’avoir une prolongation pour le permis de séjour de Lidia mais Monsieur Dodge sent qu’il a épuisé tous les moyens disponibles.
 

RETOUR EN POLOGNE EN 1938
 

Puis Lidia reçoit une réponse du Gardien : « Regret, situation dangereuse en Palestine nécessite report du pèlerinage ». Lidia se résigne donc et place son sort «  entre les mains de Dieu ». Le 28 Octobre Lidia lit dans un journal de Cleveland une loi qui dit que si les passeports ne sont pas tamponnés par le Consulat polonais, tous les citoyens polonais perdent leur nationalité. Le 29 Octobre Della Quinlan obtient l’estampille du Consulat. Lidia est heureuse de savoir qu’elle va pouvoir retourner dans son pays. La crise subie amène à Lidia un changement de réflexion : « Vraiment un poids pesant tombe de mon cœur et j’ai remercié Baha’u’llah d’entendre mes prières. Regardez comment les circonstances changent notre attitude. Il y a quelque temps, je ressentais un grand regret de quitter l’Amérique. Maintenant je suis contente d’aller en Pologne. »
 

L’INVASION DES MARTIENS PAR ORSON WELLS
 

Mais les problèmes de Lidia ne s’arrêtent pas. Elle apprend qu’elle doit payer une taxe sur ce qu’elle a gagné et qu’elle ne devait pas gagner ! (10% de 630 dollars reçus). De plus dans la nuit du 30 Octobre un évènement bizarre se déroule où Orson Wells à la radio fait croire à la population à une invasion de martiens à New-York et New-Jersey. Et comme souvent Lidia profite de cet incident pour en tirer une leçon : « C’est étrange et pénible de penser qu’une catastrophe sans précédent est utile pour réveiller en l’homme la conscience de l’unité humaine. »…….. « Le danger ne vient pas de Mars……. », « Si Mars lui- même, pas la planète mais le Dieu guerrier Mars allait se jeter sur la Terre, quand bien même, ne désespérons pas ». Les nouvelles de voyage de Lidia en Amérique atteignent jusqu’à Johannesbourg, où un article dit que la foi baha’ie approuve l’espéranto. Or Lidia réagit : « J’ ai peur que tous les lecteurs penseront sûrement que la foi baha’ie approuve officiellement l’espéranto. Ne pouvons nous pas expliquer que le choix de la langue universelle doit être, selon les instructions de Baha’u’llah fait par la Maison Universelle de Justice, et qu’avant que ce corps donne son choix, aucune organisation baha’ie, ni l’A.S.N, ni même le Gardien lui-même, ne peut identifier la foi baha’ie avec l’espéranto. Nous pouvons donc lui dire que Shoghi Effendi encourage fortement les baha’is (comme le fait Abdul-Baha) d’apprendre l’espéranto, considérant que c’est actuellement un outil de compréhension international, mais il ne peut donner quelques garanties que c’est cette langue qui sera choisie. ».
 

LES FORTIFICATIONS DE LA PAIX
 

Les cours de Lidia à Cleveland finissent le 11 Novembre puis elle passe les deux dernières semaines de son séjour aux USA à New-York. Ses élèves lui donne une soirée d’adieu émouvante. Maintenant les pensées de Lidia sont tournées en Europe et elle écrit dans un article : « Le tigre de la guerre s’est évadé de sa cage. Et comme un tigre, une fois blessé, le fauve de la guerre ne pourra pas espérer respecter les lois de la société civilisée…. Abyssinie, Espagne, Chine, ici et ailleurs les victimes pleurent et les fontaines sanglantes giclent. Un tigre qui s’évade de sa cage ne connaît aucune restriction. Pour cela les lois internationales n’existent pas, la neutralité n’existe pas. Le respect pour les populations civiles, pour la Croix-Rouge, pour les écoles, pour les temples n’existent pas. Ceux qui pensent le contraire sont naïfs .Le tigre de la guerre n’a aucune oreille à écouter, aucun cerveau à comprendre, aucun cœur pour ressentir de la compassion. Lidia exhorte les femmes à construire dans leurs cœurs et les cœurs de leurs enfants les fortifications de la paix. Des fortifications qui ne seront pas pénétrées par les gaz empoisonnés de haine raciale et de la suspicion, qui ne seront pas démolis par les bombes du fanatisme chauviniste….. ».
 

LE VRAI DEPART DE LIDIA DES ETATS-UNIS EN NOVEMBRE 1938
 

Arrive les pogroms massifs contre les Juifs la  « Nuit de Cristal ». C’est dans cette Europe que Lidia va retourner. Roan Orloff veut dire un dernier adieu à Lidia, mais celle-ci l’en dissuade. Un peu avant son départ, Lidia écrit des lettres d’adieu à ses amis aux USA, l‘une a une demande d’invitation à Augusta (Géorgie). Puis Della Quinlan arrange un dernier discours à Brooklyn. Le jour avant son départ est celui des remerciements. « Cette nuit resta inoubliable dans ma mémoire. L’atmosphère entière était profondément pénétrante et spirituelle. Je peux encore voir la tête grise de Monsieur Kinney derrière le piano ». Juste avant son départ, Allen Mc Daniel tente de convaincre les officiels de l’immigration, qui suggère quand même d’ aller en France, à Cuba et ensuite de demander à retourner aux USA pour 6 mois ou 1 an comme conférencier.
 

ESSAI DE LIDIA SUR LA SOUFFRANCE
 

Trop tard : le 29 Novembre le « Pilsudski » part de New-Jersey. Lorsque le bateau s’arrête à Halifax (Nouvelle-Ecosse), Lidia écrit une lettre à Roan et à Della pour les remercier de leur amour à son égard et de remercier tous ceux qui lui ont envoyé des télégrammes d’adieu. Sur le bateau, Lidia est très tranquille, car suite aux pogroms contre les Juifs, le président Roosevelt, mi-novembre, a permis a 20000 personnes de rester dans le pays en tant que réfugié. Lidia n’est pas de celles là. Pendant qu’elle était aux USA, Lidia écrit un long essai intitulé « Les voies de Dieu » qui traite de la signification de la souffrance. Et deux jours avant l’arrivée en Pologne, Lidia écrit à Shoghi Effendi. Lidia a presque terminé sa traduction polonaise de « Baha’u’llah et l’Ere nouvelle ». Et dans la lettre elle dit qu’elle souhaite aller en France.
 

LES PENSEES DE NOËL DE LIDIA
 

Le 9 Décembre ; Lidia arrive au port de Gdynia. Et en ce mois de Décembre, « La Praktiko », journal espérantiste, publie une histoire satirique écrit par Lidia : « Le soleil retourne dans la nuit » où l’histoire illustre le principe baha’i de révélation progressive. Pendant ce temps là, à Lyon, Emile Borel essaye d’arranger pour Lidia de faire de l’enseignement en France. Noël arrivant, Lidia écrit un essai : « Pensées sur Noël » où elle compare l’arbre de Noël à l’humanité, les aiguilles aux hommes, les guirlandes sont les gens, les branches aux nations. Et la main qui allume l’arbre est la Main de Dieu. Et les bougies avec les lumières flamboyantes sont les prophètes.
 

UNE LETTRE D’ENCOURAGEMENT DE SHOGHI EFFENDI
 

Début 1939, Lidia ne reçoit pas de lettres des USA mais reçoit une lettre de Haïfa du secrétaire de Shoghi Effendi : « Le Gardien est en fait heureux de savoir que vous vous sentez entièrement satisfaite des résultats que vous avez accompli durant les 14 mois de votre séjour en Amérique. Bien que vos efforts pour obtenir un permis pour la prolongation plus longue de votre visite aux Etats-Unis ne se soient pas avérés fructueux, vous devriez néanmoins être reconnaissant pour l’opportunité que vous avez eu d’ entreprendre un voyage aussi long et fructueux. Il espère que les expériences que vous accumulez durant ces mois d’enseignement ininterrompu vous aidera maintenant à travailler de manière plus efficace pour la propagation de la Cause dans les différents pays européens que vous visiterez, et particulièrement dans votre pays natal, la Pologne, où la foi est encore pratiquement inconnue, et où un travail considérable de pionnier doit être fait…… ». Puis un post-scriptum du Gardien lui-même : « Chère et estimée collègue , je suis vraiment fier de ce que vous avez accompli aux USA. Les croyants sont illuminés et encouragés. J’ai confiance que le jour n’est pas loin lorsque je vous rencontrerai face à face en Terre sainte et vous assure en personne de sa profonde reconnaissance et gratitude. Puisse le Bien-aimé vous aider à enrichir l’enregistrement de vos services passés remarquables. Votre vrai et reconnaissant frère, Shoghi ». Lidia est reconnaissante et heureuse.
 

LE PREMIER BAHAI UKRAINIEN
 

Maintenant l’Europe est aux portes de la guerre. La Pologne est dans une frénésie d’antisémitisme. Néanmoins Lidia visite plusieurs villes polonaises, notamment Krenemets où elle reste 4 jours et donne 4 discours sur la foi baha’ie devant la « Société théosophique » et le groupe de 7 chercheurs de Vasyl Doroshenko. Ce dernier devient un croyant et le 1er baha’i ukrainien. Lidia a maintenant fini la traduction polonaise de « Baha’u’llah et l’ère nouvelle ». Le gouvernement français a refusé sa permission de travailler en France. Lidia accepte et demande à Shoghi Effendi s’il serait possible d’aller à Haïfa au printemps. Hitler réclame maintenant le « couloir de Dantzig ».
 

LA TRADUCTION DES « PAROLES CACHEES »
 

Lidia écrit au Gardien pour lui dire que sa traduction finie est prête pour l’impression. Madame Lynch, à Genève, suggère qu’elle soit imprimée en France. Et désireuse de traduire un autre livre, elle choisit «  Les Paroles cachées » et la réponse du Gardien confirme son intime conviction de cœur. « Je me sentis très heureuse de voir que les mots du Gardien confirmaient que j’avais reconnu comme guidance divine dans mon cœur ». Dans la même lettre, elle enjoint une traduction de l’épître du Bab aux « 19 lettres du Vivant ». Cette traduction est publiée aux Etats-Unis en 1944 comme prospectus.
 

LE DEBUT DE LA TRADUCTION DES « LECONS DE SAINT-JEAN D’ACRE »
 

Durant l’arrivée imminente de la catastrophe, Lidia est avant tout soucieuse du bien-être de ses amis (McKinney, Della Quinlan, Roan Orloff « qui travaille trop ») et des conséquences de cette guerre. Pendant ce temps là, Joseph Dubin à Philadelphie essaye encore de faire revenir Lidia aux USA. Mais Lidia trouve le projet irréaliste. Maintenant il y a 3 baha’is en Pologne : Lidia, Vasyl Doroshenko et Bianka Haas une juive allemande. Autrement les gens s’intéressent peu à la foi baha’ie. Lidia commence à traduire « Les Leçons de Saint- Jean d’Acre » en polonais. Puis au cours du retour chez elle, elle se blesse au genou et annule ses classes d’espéranto durant 7 jours. Mais traduit 8 pages par jour allongée sur son lit ! Ainsi pendant que la guerre se prépare, Lidia continue tranquillement son travail : « Ce matin, je savais que j’aurai une après-midi de libre et j’ai prié que Baha’u’llah me guide de façon à le passer de manière utile pour sa Cause ». Après plusieurs hésitations d’action, c’est finalement par une lettre venue d’un espérantiste au Portugal que Lidia choisit de consacrer plus de 2 heures de son temps ( une longue lettre sur sa machine à écrire).
 

TRADUCTION DU « LIVRE DE LA CERTITUDE »
 

Lorsque l’été arrive, Lidia est touchée de recevoir un câblogramme du Congrès espérantophone à New-York. En Juillet, Lidia écrit à Roan qu’il y a maintenant 5 nouveaux baha’is en Pologne. Elle a maintenant finit de traduire «  Les Leçons de Saint-Jean d’Acre » en polonais, et commence celui du « Livre de la Certitude ».
 

L’INVASION DE LA POLOGNE PAR L’ALLEMAGNE
 

1er Septembre 1939 : Des troupes S.S assiègent la Pologne et Varsovie pendant 3 semaines, et notamment le quartier juif. Pour la seconde fois de sa vie, Lidia voit les troupes allemandes marcher dans Varsovie. La première, c’était en 1915. Une fois encore, la Pologne cesse d’exister en tant que nation indépendante, l’Union soviétique s’empare de presque la moitié du pays. A Varsovie, les juifs doivent porter une bande blanche au bras et avec une étoile bleue de David. Les magasins juifs sont confisqués, les écoles fermées, les rations sont coupées. Les nazis commence à isoler les juifs de Varsovie du reste de la population (palissade, fil de fer barbelé).
 

L’ARRESTATION DE LIDIA ET DE SA FAMILLE
 

Début Novembre, plusieurs journaux juifs aux USA indiquent que Lidia et sa famille ont été arrêtées. Les amis de Lidia en Amérique sont choqués en apprenant son arrestation : « Les baha’is américains sont profondément inquiets de son sort à Varsovie, bien que nous savons que la pureté et la fermeté de sa foi en Dieu élève son esprit au dessus de l’obscurité de la cruauté de l’homme. Nous réalisons combien son sort est lié avec des éléments anti-juifs et anti-internationaux dans certaines nations, et nous pouvons seulement prier qu’elle soit protégée par le pouvoir divin ». Une fois encore , les baha’is et les espérantistes collaborent ensemble. Mais cette fois pour sauver Lidia. Mais les efforts diplomatiques échouent. En outre envoyer des programmes et de la publicité dans les journaux concernant les activités de Lidia peut se révéler pire si ils tombent aux mains de la Gestapo : articles se moquant d’Hitler. L’ inquiétude concernant les Zamenhof grandit lorsque le courrier revient sans réponse.
 

LE BOMBARDEMENT DE VARSOVIE
 

En fait Adam est le premier a être arrêté à l’hôpital juif. Le même jour, la femme de Wanda et sa sœur Zofia sont aussi arrêtées à l’hôpital. Henryk Minc, le beau-frère de Wanda et Lidia sont arrêtés à la maison Minc. Et à travers la Croix Rouge Internationale, un message de Lidia arrive : « Toute la famille en prison. Notre maison brûle. Pendant le bombardement de Varsovie, le 25 Septembre, tout ce que nous possédions a été brûlé , ou presque tout : le petit sanctuaire qu’était le bureau de Zamenhof, la grande librairie espérantiste, les manuscrits et les lettres, la vieille machine à écrire sur sa table de chêne, le petit presse-papier en forme de chien cassé. D’après une carte postale, cela révèle que Lidia et Zofia vivaient dans le quartier juif. A présent, c’est Hans Jakob, le directeur de la vieille association espérantiste à Genève qui est capable de prendre contact avec les Zamenhof et le « conseil juif ». Un fond est établi pour aider la famille Zamenhof au cas où. Mais obtenir un visa pour Lidia échoue.
 

LA MORT DU Dr ADAM ZAMENHOF ET DU Dr MINC
 

Le 8 Mai, des espérantistes de Genève s’offrent pour aider les Zamenhof. Mais les deux organisations du mouvement espérantiste, U.E.A et I.E.L ont des difficultés à coordonner leurs efforts pour aider la famille Zamenhof. Trop tard. Fin Juin, le docteur Adam Zamenhof est tué ainsi que des centaines d’autres intellectuels et des professionnels. Et ce n’est que le 30 Juillet que Adam Czerniakov, chef du Conseil juif de Varsovie, apprend que le docteur Zamenhof et Monsieur Minc sont morts.
 

LE GHETTO DE VARSOVIE
 

16 Nov.1940 : Une partie du quartier juif est coupé du reste de Varsovie par des murs et des palissades, un demi-million de Juifs sont emprisonnés. Ogrodowa Street, où se trouve Lidia et Zofia, est dans la surface du ghetto de Varsovie. Quelques jours avant la mise en place du Ghetto, un espérantiste polonais d’ancêtres italiens vint voir Lidia. C’est un cheminot et un espérantiste zélé depuis 1925 et à qui Lidia a enseigné la foi baha’ie. Il se propose de cacher Lidia dans sa maison. Mais Lidia refuse : Ne pensez pas à vous mettre vous-même en danger. Je sais que je dois mourir, mais je sens que c’est mon devoir de rester avec mon peuple. Dieu souhaite que en dehors de nos souffrances un monde meilleur émerge. Je crois en Dieu. Je suis une baha’ie et je mourrais baha’ie. Toutes les choses sont entre ses Mains ». Une autre personne, Fritz Macco, a essayé de sauver Lidia, un soldat.
 

DEPORTATION A TREBLINKA
 

Printemps 1942 : Terreur de la déportation. Juillet 1942 : Tous les Juifs du Ghetto de Varsovie vont être déportés à l’est, à Tréblinka.
 

LA MORT DE LIDIA
 

Août 1942 : les Zamenhof sont pris à la « Umschlagplatz », mais ils s’enfuient déguisés en blouse de docteur : Wanda, sa sœur Janina Minc, et Ludwig, le fils de Wanda. Zofia, elle, va délibérément dans un de ces trains, Lidia la suit quelques mois plus tard. Elle finira gazée à Tréblinka en cette année 1942.
 

Frédéric Autret, Septembre 2003.
-Tiré du livre « Lidia, The Life of Lidia Zamenhof Daughter of Esperanto », de Wendy Heller, George Ronald, édition.
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